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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 12:04

Bruno Bordenave est chercheur indépendant. Il avait publié sur ce blog un billet sur les conséquence du nuage radioactif de Fukushima passé au dessus de la France.

Cette tribune à du lui plaire puisqu'il m'a proposé d'autres textes. Parmi les rois qu'il m'a envoyé, je publie celui-ci, récent sur les accidents nucléaire qui selon lui sont un peu trop nombreux.

ENERGIE ATOMIQUE: “TROIS FAUTES DISQUALIFIENT”
(Règle du baseball américain)

IL Y EN A EU UN. A Three Miles Island. C’était un accident impossible, totalement exclu, mais une malchance invraisemblable s’est abattue sur l’élite de la science et de la technologie états-unienne, sur ce que le monde industriel, politique et économique avait de meilleur, de plus vertueux, de plus infaillible. Faute à pas de chance, plus qu’improbable, statistiquement impossible, mais qui s’est produit quand même par un hasard affreux.
 
IL Y EN A EU DEUX. A Tchernobyl. Oui mais c’était des slaves, des bons à rien, imbibés de vodka, des communistes, qui avait confondu le bouton d’arrêt de refroidissement avec la chasse d’eau. Hips ! C’était impossible, statistiquement absolument exclu, tout était impeccable, les plus grands savant de ce siècle, et même du millénaire, les meilleurs experts en sécurité mondiale avait donné leur blanc-seing, aucun souci, aucun problème. Mais voilà que trois sagouins mangeurs de bortch s’emmêlent les pinceaux. L’inimaginable arrive, l’impossible se produit. L’Ukraine connait un lendemain radieux, l’Europe crépite, seule la France y échappe miraculeusement. C’était un autre hasard affreux mais il ne se reproduira plus jamais, jamais, jamais, promis, juré, craché ! Même complètement noir, un rubicond russe qu’il soit rouge ou blanc ne pourra plus baver ainsi. On nous l’a garantit, croix de bois, croix de fer.

MAIS IL Y EN A EU TROIS ! Fukushima, dans un des pays où la sécurité nucléaire est considérée comme la plus élevée au monde, autant qu’en France. Mais ce n’est pas de notre faute nous dit on. C’est un concours de circonstance très malheureux, qui n’aurait jamais du arriver, un hasard désolant, un séisme, une grosse vague, un lampiste apeuré, maladroit (d’ailleurs on l’a viré cet incapable, ce qui règle le problème) …
On se moque de qui ? Des dizaines de milliers de gens plongé dans la détresse d’un cataclysme, ont été sérieusement irradiés. Des millions d’autres vivent maintenant dans l’angoisse et la peur pour leurs enfants* comme pour eux même. De vastes et belles régions aux terres riches, cultivables et paisibles ont été scandaleusement souillées pour de nombreuses décennies, par ces pollutions invisibles, dont la dangerosité rémanente est très clairement établie. 

THREE STRIKES, YOU’RE OUT!
Disqualifié. C’est fini. On n’en veut plus, il n’y aura pas de quatrième fois. Par le sacrifice de leur vie, des hommes et des femmes, renonçant à tout, sachant qu’ils n’en sortiraient pas, on permis une fois encore (croisons les doigts) d’éviter le pire du pire, la combustion complète et la dispersion de dizaines de tonnes de matière fissile hautement radioactive. Trois régions dans le monde ont néanmoins été dévastées et confinent aujourd’hui cette matière d’une effroyable toxicité, qui restera à ce point dangereuse durant 100 000 ans ! A-t-on le droit, pour assurer son confort et sa présente prospérité, pour se payer des gadgets inutiles à ne plus savoir qu’en faire, au nom de la « croissance », de s’endurcir au point d’hypothéquer la vie des 4000 futures générations ?

NON. Ce serait l’innommable, le crime le plus imprescriptible fait contre l’espèce humaine.
Nous avons 15 ans pour cesser cette abominable technologie de mort. En priant qu’un désastre au delà de toute dimension connue ne nous frappe pas d’ici là.
Nous avons 100 ans pour gérer le démantèlement de ces centrales. Il nous en coutera de grands efforts et de grands sacrifices. 
Et il nous reste aussi en héritage, merci pour le cadeau, 10 million de tonne de déchets hautement irradiants et toxiques qu’il faudra enterrer au plus profond de la croute terrestre**, cela pour 100 000 ans … sans savoir pour une durée si longue quel séisme, quelle cataclysme, quel bouleversement ou quel oubli pourrait les remettre à ciel ouvert : quel effroyable désastre ce serait pour la génération qui le verrait. Et cela ne suffit-il pas ?
Si cela suffit.

 

Bruno Bordenave, Chercheur indépendant, biologiste, docteur en botanique

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